Giulia est une femme, une épouse, une fille. Et depuis 4 ans, la maman de deux petits garçons qui la comblent de bonheur. Après avoir vécu deux accouchements très différents, elle a décidé aujourd’hui de nous livrer son témoignage. Un accouchement à la maternité pour son premier petit garçon de 4 ans, avec une péridurale, plus “classique” et un deuxième accouchement physiologique surprise, à son domicile, pas du tout prévu comme elle l’avait imaginé… Enfin, peut-être que si, finalement.
La rencontre avec Nicolas
En 2010, Nicolas et Giulia se croisent pour la première fois dans un bar. Chacun de leur côté, ils vivent une histoire d’amour. Ils flashent l’un sur l’autre, mais rien ne se passe par respect pour leurs conjoints respectifs. 3 ans plus tard, la vie les réunit à nouveau, ils sont célibataires au même moment, et tout va très vite. Emménagement, adoption d’animaux de compagnie et trois ans plus tard, le 20 août 2016, une demande en mariage.
Et les enfants ?
Fille unique, Giulia savait qu’elle voulait devenir mère, et de plusieurs enfants. Quand elle était petite, elle parlait de 5 enfants, puis en grandissant, à minima 2. Elle imaginait sa vie avec des enfants qui courent, qui rigolent, qui font du bruit dans la maison. Par contre, elle se connaît et souhaite réaliser ce projet avec “le bon pour elle”, ce qu’elle projette avec Nicolas.
“La sécurité du bon papa pour moi, c’est de percevoir mon mari comme un père à part entière”. précise-t-elle.
Ils en parlent avec Nicolas, et, malgré son jeune âge, sa maturité et son hypersensibilité permettent au couple de se projeter dans leurs futurs rôles. Le couple tient au fait de finir leurs études, d’être en emploi stable puis de profiter à 2, de leur mariage, pour ensuite concrétiser ce rêve commun.
Sa perception de l’accouchement
Dans la famille de Giulia, le récit de la grossesse de sa maman ainsi que sa naissance est positif, beau. Sa mère a accouché sans péridurale, sans son mari (pour des raisons culturelles (en Italie, à l'époque, le mari ne pouvait être présent à l'accouchement car en salle commune avec d'autres femmes), alors que Giulia la connaît plutôt sensible à la douleur. Si elle l’a fait, elle se fait confiance pour le faire aussi.
La première grossesse : découverte & ressenti
Ça y est, Giulia et Nicolas se sentent prêts. Giulia arrête la contraception orale, mais cet hiver-là, elle tombe sans cesse malade. Elle fait plusieurs tests de grossesse mais négatifs, et avec des cycles longs, elle nourrit régulièrement de faux espoirs d’une potentielle grossesse. C’est 4 cycles après avoir arrêté la pilule (environ 6 mois), qu’un matin, Giulia ressent quelque chose d’étrange…
“Je fais beaucoup de yoga, je suis quelqu'un de speed donc c’était important pour me calmer. Un jour, en faisant certaines positions, j’ai ressenti d’un côté quelque chose que je n’avais jamais ressenti avant, et le délai collait avec ma petite application. J’ai gardé ça et attendu quelques jours. Tous les jours je faisais du yoga, et tous les jours je ressentais ce truc plus fort. Je sentais une vie à l’intérieur se créer.”
Une semaine plus tard, c’est en se rendant chez le dentiste pour un détartrage, que Giulia découvre sa grossesse. Elle saigne des gencives et son dentiste lui pose la question du projet bébé, en sortant, elle court acheter un test. Il était positif. (23 mai)
“J’ai eu une espèce de vague, j’ai explosé en larmes de joie. J’ai eu chaud, puis froid, je faisais des petits bonds, j’étais hyper contente. J’ai pris la photo pour l’envoyer à mon dentiste. Puis, directement, je me suis dis qu’il fallait que je fasse un truc de fou pour Nico le soir. Il était là le midi, ça se voyait sur ma tête, j’étais rouge, j’avais des rictus. Je le regarde, je fais demi-tour en courant. Je trouve un rouge à lèvre, j’écris sur mon ventre “ciao papa” et je mets le test dans une petite boite. Il l’ouvre et je montre mon ventre. Je fonds en larmes et il comprend, il a lâché une larmichette.”
La grossesse et l'accouchement
Giulia se sent incroyablement bien pendant la grossesse, et chanceuse. Elle continue le yoga tous les deux jours malgré le travail, maintient une alimentation très saine, qu’elle complète avec de bonnes vitamines. Elle applique tous les petits tips pour mettre toutes les chances de son côté. Victor était un tout petit bébé, avec une petite prise de poids, même à 9 mois, elle ne change pas physiquement, a un petit ventre sans les inconvénients.
Jusqu’à 1 semaine avant le terme, Giulia continue de travailler. En Belgique, il est possible de prendre son congé maternité avant la fin de la grossesse, mais cela se déduit du temps passé avec bébé en post-partum. Et elle tient à passer le plus de temps possible avec son bébé.
C’est la veille de la date prévue pour son dernier jour au travail que Giulia se voit contrainte d’arrêter : sa gynécologue lui demande de rester alitée, son bébé pèse (à l’estimation) 2,3kg, et il est urgent qu’il prenne du poids. En 24h, Giulia perd pied, “retard de croissance”, “déclenchement” résonnent en elle et lui procure du stress. Elle pleure énormément.
Puis les contractions débutent. Heureuse de les sentir venir, elle reconsidère un accouchement comme prévu, à l’hôpital, avec une péridurale, par voie basse, avec un début de travail physiologique.
“Le samedi soir, j’ai directement ressenti les vraies contractions de travail, je sentais que c’était dans mon col. C’était une douleur comme quand j’avais mes règles, dans le bas du ventre.
Nicolas utilisait l’application pour noter les contractions, et l’application disait “allez à l'hôpital" alors que je me sentais bien, je ne voulais pas y aller. Il m’a préparé un bon petit plat, des pâtes, avocat, feta et olive noire. J’ai pris un bain, je lui ai dit de dormir. J’ai fait mon petit bout de chemin seule dans le lit, en alternant sommeil et bain. Et à un moment, j’ai ressenti les contractions plus fortes. J’avais des contractions toutes les 5 minutes depuis 2h. Ca commençait à être plus fort, il était 4h30 du matin. Je réveille Nico, et lui dis d’aller prendre une douche, que c’est le moment d’y aller. Je me retourne dans le lit, j’entends le bruit, et paf, perte des eaux. J’alerte Nico, j’étais trop contente.”
A 4h50, le couple est dans la voiture. La neige est partout, on est le 20 janvier. En 20 minutes, les voici à l’hôpital choisi.
“On arrive à la maternité, j’ai un moment de down. Je vois deux mamans en chaise roulante, je les regarde et je me dis qu’on ne va pas comprendre ce que je fais là alors que je suis debout.
Nuit de pleine lune, et pour moi ce n’est pas un mythe, il y a un monde de fou furieux. Tout le monde court partout. On nous met dans une chambre, tout sonne de partout. On vient m'ausculter, j’étais à 4 cm de dilatation du col. Je pensais être à plus. Je me dis que je vais en avoir pour pas mal de temps. 2h plus tard, j’étais à 7 cm. Je commençais à ne plus savoir répondre quand on me posait des questions, je ne savais plus me concentrer. Une des sages-femmes arrive et me dit “si vous voulez la péri c’est maintenant car l’anesthésiste part au bloc pour 3 césariennes”. Je me suis dis ok c’est le moment ou jamais. Comme je ne m’étais pas préparé sans péri. J’attends la prochaine contraction, je ferme les yeux et j’imagine que je dois pousser. Je n’arrivais pas à gérer la douleur et l’action de pousser. Donc je demande la péridurale. Ça s'est super bien passé alors que je tombe dans les pommes à la moindre prise de sang. Mon mari était présent pour la pose de la péridurale. Il m’a tenue et rassurée. J’en ai ressenti les effets instantanément. Je voyais mon ventre se durcir et le monito bougeait. Mais plus aucune douleur. Je trouvais ça super chouette. J’avais envie de dormir 1h. On a tous les deux dormi. Je me suis réveillée, on se remet en action. J’étais toujours à 7,5-8 cm. Je me suis mise sur un ballon pour garder de la mobilité, en lotus avec les jambes.
Je dis à mon mari d’appeler la sage-femme car je veux aller aux toilettes. Je ne sais pas marcher pour aller aux toilettes. Elle vérifie et voit les cheveux, le bébé est là. Ma gynécologue a eu le temps d’arriver juste à temps. Je me suis laissé faire, en position gynécologique. Ça été super vite, j’ai poussé 4 fois. En 7 minutes et quelques, Victor était là. J’ai eu une épisiotomie. Sur le coup, je ne le savais même pas. Je n’ai rien senti, rien vu. J’ai confiance en elle et dans le corps médical, si elle l’a fait c’est qu’il le fallait. Vivi est né. C’était trop gai. C’était une explosion, on a pleuré tous les deux. On l’a pesé tout de suite, 2 kg 695. Donc ça allait. Un bon score APGAR. On a directement fait du peau à peau pour le garder au chaud.”
A cette époque, Giulia n’a aucune information sur l’allaitement, elle n’est ni pour ni contre. Ayant la croyance que l’allaitement est forcément douloureux, elle est rapidement passée au biberon. Et c’est son choix, elle s’y sent confortable.
La 2ème grossesse
Après 1 an, Nicolas était prêt pour un deuxième enfant. Mais Giulia avait besoin de plus de temps. 6 cycles plus tard, soit 9 mois pour elle, et un diagnostic d’ovaires polykystiques, elle découvre sa grossesse, et d’une manière plutôt touchante.
“Victor fête ses 2 ans, et le soir même je retombe enceinte. Le lendemain, sans le savoir, je démissionne. Depuis 2-3 jours, Victor me collait. Il est hypersensible, et avait le langage développé. Il mettait régulièrement sa main sur mon ventre alors je lui ai demandé “il y a quelque chose dans mon ventre ?”, et il a répondu “oui”. J’ai eu la même émotion que pour le test positif. Il me restait un test valable. On va le faire tout de suite, ensemble, avec Victor. De toute façon, je lui aurais expliqué s’il se passait quelque chose de grave. J’ai une petite vidéo. C’était positif. Victor me dit directement “c’est un petit frère”. Et de mon côté, je pars du principe que c'est une fille. Quand j’ai découvert que c’était un garçon, j’ai mis 24h pour me faire à l’idée. Elle avait déjà son prénom féminin.”
Pour cette 2ème grossesse, tout se passe bien mais elle est très surveillée comme Victor avait eu un retard de croissance. Le bébé évolue bien. Giulia est à l’arrêt, à la maison, et vit sa grossesse de façon plus calme niveau stress. Deux semaines avant le terme, les médecins évoquent la mesure du fémur comme “étrange”. Poids du bébé annoncé à 1,9kg. Sa gynécologue a une réunion avec le radiologue, et Giulia est très stressée.
En tapant sur internet, des articles et des études américaines parlent d’“enfant nain”, de “jambe en moins”, de “jambes qui poussent pas”. Le même schéma que pour Victor. Est-ce que son enfant n’a pas de jambes ?
Giulia s’est préparé à tout le contraire que pour l’accouchement de Victor. Elle rêve d’accoucher à domicile mais Nicolas a peur. Donc le couple choisit la salle cocon à la maternité, sans péridurale. Secrètement, elle se conditionne. Haptonomie, hypnose, yoga, lecture de centaines de témoignages sans péridurale : elle le savait, c’était comme ça que ça se passerait.
Un accouchement… à la maison !
Après une détresse de 48h, Giulia se ressaisit et se conditionne pour un accouchement serein. 1 semaine avant, c’est l’heure du dernier rendez-vous chez la gynécologue. Dilatée à 3 cm, mais sans aucune contraction. Elle décide de faire des courses, d’aller chercher sa nouvelle voiture, de continuer de vivre. Elle est informée que pour un deuxième accouchement, elle doit se rendre à la maternité dès que les contractions sont espacées de 10 minutes.
“Le soir, on dîne des pâtes bolognaises. Il est 19h. On sait qu’on peut appeler mes beaux-parents qui habitent à côté pour garder Victor, j’ai toujours des contractions toutes les 9-10 minutes. On se rend à la maternité, la sage-femme lit le projet de naissance physiologique et me dit “première mauvaise nouvelle, la salle que vous vouliez est prise”.
Par contre, vous êtes toujours à 3 cm de dilatation comme ce matin. Soit vous restez mais ça ne correspond pas à votre projet, soit vous partez, vous rentrez chez vous et vous revenez plus tard. On décide de repartir. On arrive à la maison, je prends un bain, je vais dormir. Je me réveille avec une intensité de contractions plus forte. Je veux aller aux toilettes, et à chaque pas, je tombe au sol des contractions. Je crie “on va à l'hôpital c'est maintenant !”. On envoie un message à ma belle-mère.
On prend la voiture, j'essaie de m'asseoir mais impossible car je sens la tête du bébé entre mes jambes. Nico démarre et je lui dis “non fais demi tour, c’est ici et maintenant". Il m’a regardé “ok, juste souffle et est-ce que t’es sure de ça ?”. Et je lui dis “écoute, la tête est là”. Il sort, il appelle une ambulance en me tenant pour sortir. Il passe le téléphone à ma belle-mère. Je lui crie “Danielle tournez le dos, j’enlève ma culotte c’est maintenant”.
"On était dans le noir, tout était paisible et calme. Nico déplie et bouge le canapé. Ma belle-mère s’est mise à filmer, mais de loin et dans la pénombre donc on ne voit quasiment rien mais ça nous fait un souvenir fou. Elle a fait l’intermédiaire avec l’ambulance. Qui est arrivée en 7 ou 8 minutes."
Je me suis mise à 4 pattes. Nicolas vérifie où en est le bébé puis part se laver les mains. Je me suis mise à pousser. L’ambulance est arrivée avec le médecin urgentiste. On était dans le noir, sans cri. On vivait notre moment. Le médecin nous regarde et nous dit “madame, on va à l’hôpital”. Nicolas lui dit “non vous ne comprenez pas, la tête est sortie”. Et il dit “Mais si, elle sourit”. Je lui ai répondu “écoutez, maintenant je dois pousser fort, soit vous prenez la place de mon mari soit il reste”. Il s’est mis à sa place pour la dernière poussée.”
A sa naissance, Andrea est encore plus petit que Victor. Il pèse 2,2kg, mais avec deux jambes parfaites. Le couple est comblé de joie.
“Pour l’expulsion du placenta, j’ai voulu me rendre à l’hôpital. J’avais Andrea sur moi, en peau à peau, avec des couvertures. Nicolas était derrière en voiture, et suivait l’ambulance. On est resté à l'hôpital 3 jours parce que petit bébé. L’opportunité de créer cette bulle à 3, sans Victor. On a vécu les mêmes nouveaux moments avec lui.”
À l’inverse de son premier accouchement, Giulia est renseignée et souhaite allaiter. L’aventure dure un an, et elle observe avec magie les différences entre ses deux petits garçons. Leur histoire, leur personnalité.
Elle témoigne de la chance qu’elle a de vivre ses deux accouchements.
“Quand tu fais un choix, éclairé, et que tu es contente avec ça, tu es super bien au moment où tu le vis. Que ça soit pour Victor, avec péridurale, en maternité, sans allaitement que pour Andrea, à la maison, de manière physiologique.“
Merci ma Giulia pour ton témoignage, si précieux, qui montre à quel point chaque accouchement est unique et la magie de la vie !
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