Interview de Laure, une femme, yogini, épouse, mère, parfois complexée, souvent bien dans sa peau et surtout toujours en quête de bien-être.
De sa vie d’adolescente à jeune mère, Laure a traversé les montagnes russes dans son rapport à son corps. Adepte du yoga depuis l’âge de 19 ans, mère allaitante depuis 2,5 ans, récemment trailer, elle aime le challenge et cultive en s’assumant des ressentis parfois ambivalents quant à son rapport à son corps.
Partagée entre l’envie de le laisser vivre à sa guise et la volonté de le challenger, c’est au rythme de toutes ses périodes de vie que Laure nous livre un témoignage rempli de sincérité au sujet de celui qui l’accompagne tous les jours : son corps.
Une enfance loin des complexes
“Bien dans ses basks” dans sa vie d’enfant, c’est très bien dans sa peau que Laure a traversé ses premières années de vie.
Une adolescence avec des schémas poussant aux complexes
Arrivée à l’adolescence, un ressenti proche de celui de nombreuses personnes, “malmenées par les clichés et les standards de beauté proches du fil de fer” se fait sentir. Laure a des formes, elle commence à se comparer aux autres morphologies plus fines comme celle de sa sœur et apprend à se désaimer, à se juger, à s’auto-saboter. Elle reproduit alors le schéma de sa maman qui est pleine de complexes. Son corps n’est plus son allié.
Dès l’adolescence Laure fait de la danse moderne-jazz, puis du tennis. Elle entame même une idylle avec son professeur de tennis. Elle découvre qu’elle peut plaire mais elle se voit toujours comme « trop ronde, pas assez fine ». Des complexes s’installent et elle intensifie sa pratique du sport sans pour autant chercher à faire de la compétition.
Ainsi, Laure décrit le rapport à son corps dans les débuts de sa vie de femme, comme complexe, avec sans cesse des pensées parasites, des comparaisons aux corps des autres femmes, et des phrases sans bienveillance à son égard comme “je ne suis pas comme il faudrait” malgré cette conscience profonde que le bien être est celui qu’elle avait enfant. Celui qui consiste à « se laisser tranquille ».
C’est alors qu’à 19 ans, elle commence le Yoga qui sera un allié pour lui permettre de renouer avec son corps dans la bienveillance, la gratitude et le dépassement positif de soi.
Des ressentis ambivalents donc et en perpétuelle évolution - quant à son enveloppe corporelle - qui la suivront dans sa vie de mère…
Une grossesse en paix
“Toute ma vie j’ai pensé à cette période en me disant que j’aurais une bonne raison d’être grosse et que personne ne pourrait rien me dire ”.
C’est ainsi que Laure va faire partie des « 5% des mamans qui prennent le plus de poids pendant leur grossesse ».
Dès les premiers mois, les médecins lui disent « c’est un gros bébé, vous allez être une grosse maman ». Les collègues se moquent plus ou moins gentiment de ce corps qui s’arrondie. Mais Laure se sent bien. Avec l’envie d’aller au bout de cette liberté d’esprit et du corps dans sa maternité.
De nature à aimer les aliments sains, chauds, c’est dans un élan de gourmandise que viennent se mêler à son quotidien de nouvelles envies d’aliments sucrés, de proportions plus grandes, notamment pendant les 3 premiers mois.
“Tout ce que je pensais savoir de moi n’existait plus. Je prenais des douches brûlantes, et d’un coup, je ne supportais plus l’eau chaude. J’adorais un parfum à la fleur d’oranger, dont je ne supportais plus l’odeur. Et pareil pour l’alimentation : je pouvais désormais manger 3 pots de cornichons d’affilé. Moi qui d’ordinaire déteste les fast food j’en avais soudain envie, etc.”
Des envies sur lesquelles Laure ne se restreint pas, avec la sensation que son corps n’est plus le sien mais celui du petit être qu’elle accueille en son sein. Elle se sent guidée par les besoins de cet enfant qui grandit en elle et elle accepte volontiers d’écouter ces besoins.
Une intimité au max du plaisir et de l’épanouissement
Dans ce nouveau rapport à son corps, il y a un sujet sur lequel l’appréhension se fait sentir, c’est l’intimité et leur vie sexuelle avec son conjoint.
“Plus les mois passaient et plus je me trouvais énorme, pas spécialement belle. J’essayais de ne pas complexer par peur que cet enfant qui naissait en moi ne culpabilise déjà d’exister. Mais j’avais peur que mon conjoint ne me trouve plus désirable. Pourtant de mon côté grossesse rimait avec libido ++. Mais c’était sans compter sur l’amour qu’il me portait ».
En effet, au rythme que son ventre poussait, c’est un être séduisant, féminin et puissant que voyait naître le mari de Laure. Conclusion, ils ont vécu une vie sexuelle hyper épanouie durant les 9 mois de cette grossesse.
Un accouchement douloureux
“Avec du recul, je ne reprendrais pas autant de kilos de grossesse pour une potentielle 2ème grossesse. Je rêvais d’un accouchement physiologique et malgré le yoga pendant toute ma grossesse, j’ai subi mon 1er accouchement en ne sachant pas quoi faire de ce corps pendant ce marathon qu’est l’accouchement. Le surpoids a compliqué l’accompagnement de bébé pour sortir. Et je l’ai mal vécu.” Pourtant très préparée à l’accouchement, elle sent ses jambes tomber avec les effets de la péridurale, et ressent des difficultés à se mouvoir pendant le travail. Son bébé arrivera néanmoins, après quelques heures de travail intense, par voie naturelle et sans forceps, sans épisiotomie.
Un émerveillement pour ce petit être tout neuf… Loin du miroir !
Un vrai chamboulement émotionnel arrive avec son fils, ce petit être qui vient de naître. “On commence à oublier de se regarder et c’est assez bien fait. Je n’avais pas spécialement prévu d’allaiter parce que pour ma sœur ça ne s’était pas très bien passé. Je me suis retrouvée avec des seins plein de lait et un bébé qui tétait bien. Je trouvais ça complètement dingue, c’était magique de voir ces seins nourrir ce petit mammifère. Et donc mon attention n’était plus du tout portée sur mon ventre vide.”
Pour se faire du bien, Laure prévoit une jolie tenue pour les jours qui suivent son accouchement à la maternité, et de quoi “se pimper”. Mais son attention est totalement dédiée au rôle de mère qu’elle découvre d’heure en heure, jour après jour.
Bonheur maximale et reconnexion à soi
“À partir du jour où j’ai accouché, j’ai remplis le frigo d’endives et j’ai changé toute mon alimentation. Du jour au lendemain je ne supportais plus le sucre et le gras que j’avais tant aimé pendant ma grossesse et je souhaitais au contraire manger des légumes gorgés d’eau, tout le temps. J’écoutais mon corps, il savait ce dont j’avais besoin. Avec l’allaitement mes besoins d’hydratation augmentaient considérablement, je buvais 5 litres d’eau par jour en plus des dizaines d’endives que je mangeais. Je voyais les kilos disparaître progressivement et j’en étais reconnaissante. Mais plus que tout, j’étais monopolisée par ce merveilleux petit garçon qui semblait grossir à mesure que je fondais. J’avais zéro complexe, je n’allais pas retourner en entreprise tout de suite. J’étais portée par ma nouvelle maternité.”
Le post-partum à plus de trois mois… Quand la mère se reconnecte à la femme
Fraîchement installée en Normandie, jeune maman, une vie de couple épanouie avec son mari, Laure a la sensation d’avoir atteint le summum du bonheur de sa vie. Elle se demande si elle pourra un jour être plus heureuse. Elle cherche donc de petit challenge à relever afin d’avoir de nouveau des objectifs. Une discussion avec une amie lui fait réaliser que son prochain challenge pourrait être de se reconnecter à son corps de femme. Avec un regret de ne pas avoir fait le rebozo, elle sent son bassin élargi, ses seins vidées par l’allaitement. Mais elle entend ce challenge et reprend le sport à travers la course à pied. Elle deviendra addict à cette discipline et s’engagera 2 ans après son accouchement sur des distances longues (66km). Concernant sa poitrine, elle se pose des questions sur l’éventualité d’avoir un jour recours à la chirurgie. Elle connaît plusieurs amies qui l’on fait après avoir eu leurs enfants.
Avec beaucoup de sport, des efforts au quotidien, elle sent que son corps se raffermit. En contradiction avec sa volonté de ne pas être dans une quête du “corps parfait” liée à sa philosophie yogi de bienveillance et de gratitude, elle sent pour autant un grand besoin de faire du sport et à haute fréquence. Certainement une fenêtre sur des moments qui lui appartiennent, une liberté retrouvée pendant la course quelque peu perdue avec ce nouveau rôle qui l’occupe 200% de son temps. Par la course à pied et le vélo, elle rencontre aussi une belle communauté de sportifs, réapprécie la nature des paysages qu’elle traverse, et se challenge au quotidien.
Deux ans après son accouchement, Laure a perdu 35 kilos et se sent en harmonie avec ses ressentis, son corps, sa vie de mère, de femme, de salariée, de yogini.
Le corps humain, la machine la plus développée qui existe sur cette terre. Le respect de ce corps, une quête perpétuelle pour Laure.
Laure aimerait respecter son corps à 300%. Le respecter suffisamment pour assumer ses sorties sportives et pour éprouver de la gratitude pour sa bonne santé le tout sans se soucier du regard des autres. Le tout non pas pour ce qu’ils/elles pensent mais juste pour aller bien.
“Aujourd’hui je me projette sur une seconde grossesse. Je ferai en sorte d’inclure le sport et pas uniquement le yoga dans celle-ci, en sorte de mieux manger, d’écouter mes besoins sans les décupler. Déjà maman une fois, je souhaite me faire plus confiance que pour la première grossesse et ne veux pas qu’un poids quelconque repose sur les épaules de mon conjoint.
Enfin à toutes les mamans ou futures mamans je le dis, vous êtes ce qu’il y a de meilleur pour vous et pour votre enfant. Soyez votre meilleure amie, faites-vous confiance, aimez-vous, aimez ce corps qui est le vôtre. Car personne ne le fera mieux que vous. Et si vous vous aimez, les autres ne sauront faire autrement que de vous aimer également.”
Merci Laure pour ton précieux témoignage et tes confidences en toute confiance. Si vous voulez suivre les aventures de Laure, rejoignez-là sur instagram @oy_olayoga ! 💘🧘♀️
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